René Benjamin, né le 20 mars 1885 à Paris et mort le 4octobre 1948 à la clinique Saint-Gatien de Tours, est un écrivain,journaliste et conférencier français. Prix Goncourt en 1915 pourson roman Gaspard quil écrivit à lhôpital de Tours où ilséjourna plusieurs mois, ayant été gravement blessé dès le moisde septembre 1914. Il a été reçu à lacadémie Goncourt en 1938.Ami de Maurras et de Léon Daudet, partisan de lAction française,il soutint le maréchal Pétain pendant loccupation allemande et estconsidéré comme lun des idéologues du régime de Vichy.
Sisley Huddleston, né le 28 mai 1883 et mort le 14 juillet1952 est un journaliste et écrivain britannique.
Il est rédacteur en chef dun journal des forces britanniquespendant la Première Guerre mondiale, et réside ensuite à Parisjusque dans les années 1930, écrivant pour le Times (Londres) et leChristian Science Monitor. Il publie en 1929 Europe in Zigzags, danslequel il soutient le manifeste paneuropéen de Richard vonCoudenhove-Kalergi, puis en 1933 War Unless, qui est un appel"délibérément alarmiste" à la révision du traité deVersailles.
Il séjourne en France pendant la Seconde Guerre mondiale, prendla nationalité française et témoigne par écrit de sa sympathiepour le régime du maréchal Pétain, qu'il a l'occasiond'interviewer.
Correspondance entre René Benjamin et Sisley Huddleston (de 1943 à 1948), lot de 11 lettres autographes signées René Benjamin (+ un brouillon manuscrit de lettre au Maréchal Pétain) et de 8 lettres autographes signées Sisley Huddleston (+ 1 lettre dactylographiée signée et 1 L.A.S. incomplète) - Bon état général
L.A.S. René Benjamin à Sisley Huddleston - Le Plessis, 15 novembre 1943 - 2 pages sur un feuillet
L.A.S. Sisley Huddleston à René Benjamin - Monaco, 20 novembre 1943 -2 pages sur un feuillet
L.A.S. René Benjamin à Sisley Huddleston - Le Plessis, 28 novembre 1943 - 3 pages sur deux feuillets
L.A.S. Sisley Huddleston à René Benjamin - Monaco, ? 1943 - 4 pages sur deux feuillets
L.A.S. René Benjamin à Sisley Huddleston - Le Plessis, 17 décembre 1943 - 2 pages sur un feuillet
Brouillon manuscrit lettre René Benjamin au Maréchal Pétain - 29 décembre 1943 - 2 pages sur un feuillet
L.S. Sisley Huddleston à René Benjamin - Monaco, 10 février 1944 -2 pages sur un feuillet
L.A.S. René Benjamin à Sisley Huddleston - Le Plessis, 15 février 1944 - 2 pages sur un feuillet
L.A.S. René Benjamin à Sisley Huddleston - Le Plessis, 1er juin 1946 - 2 pages sur un feuillet
L.A.S. Sisley Huddleston à René Benjamin - Nice, 27 juin 1946 - 1 page sur un feuillet
Copie dactylographiée dune lettre de Sisley Huddleston à René Benjamin - 4 juillet 1946 - 2 pages sur deux feuillets
L.A.S. Sisley Huddleston à René Benjamin - Saint-Pierre-dAutils, 5 octobre 1946 - 1 page sur un feuillet
L.A.S. René Benjamin à Sisley Huddleston - Le Plessis, 8 septembre 1946 - 2 pages sur un feuillet
L.A.S. René Benjamin à Sisley Huddleston - Le Plessis, 9 octobre 1946 - 2 pages sur un feuillet (13,5 x 21)
L.A.S. Sisley Huddleston à René Benjamin -Saint-Pierre-dAutils, 28 juin 1947 - 4 pages sur trois feuillets
L.A.S. René Benjamin à Sisley Huddleston - Le Plessis, 3 juillet 1947 - 2 pages sur un feuillet (13,5 x 21)
L.A.S. René Benjamin à Sisley Huddleston - Le Plessis, 15 février 1948 - 1 page sur un feuillet
L.A.S. Sisley Huddleston à René Benjamin - Genève, 29 février 1948 - 3 pages sur trois feuillets
L.A.S. René Benjamin à Sisley Huddleston - Le Plessis, 9 mars 1948 - 1 page sur un feuillet (13,5 x 21)
L.A.S. Sisley Huddleston à René Benjamin -Saint-Pierre-dAutils, 2 août 1948 - 1 page sur un feuillet
L.A.S. René Benjamin à Sisley Huddleston - Le Plessis, 6 août 1948 - 2 pages sur un feuillet
L.A.S. Sisley Huddleston à René Benjamin -Saint-Pierre-dAutils, 9 août 1948 - 1 page sur un feuillet
L.A.S. Sisley Huddleston à René Benjamin incomplète - 5 pages sur 5 feuillets mais le 1er feuillet est manquant - s.l.n.d.
15 novembre 1943 - De René Benjamin à Sisley Huddleston
"Monsieur,
Je vous sais un gré infini davoir eu la pensée délicate de menvoyer votre livre.
Votre beau livre !
Car cest un livre de conscience et de méditation, un livre de réflexions qui font réfléchir.
Il y a là des fruits de votre verger que vous avez aimé voir mûrir, et la merveille, cest que quand ils sont mûrs, cest à nous que vous les offrez !
Merci.
Lentretien sur la religion est celui qui ma le plus ému. Cest le plus urgent. Lan dernier, en voyageant au Maroc, causant avec un grand chef religieux à Fez, jai entendu ce musulman, dont lesprit était très élevé, me dire : " Le monde ne se relèvera pas, ne se sauvera pas, si tous les chefs de toutes les religions ne saccordent pas sur un certain nombre de règles et de principes à proposer comme cadres à tous les gouvernements."
Cest votre pensée majeure. Je la crois la vérité même.
Comme vous le dites avec tant de force, que cest dérisoire de voir tous ces humains errants à la recherche dune "mystique" - par peur de dire "religion" !
Le mot "religion" est admirable, qui nous "relie". Cest lancre. Cest lamarre. Cest la force. "Mystique" cest la faculté de divaguer.
Tout ce chapitre est extrêmement fort. Il faut redonner un sens spirituel à la vie des peuples, à la vie des hommes. Ce doit être le premier article du traité de paix. Ou bien elle ne sera pas la paix. Voici des semaines que pour ma modeste part, je rumine cette idée et cherche comment pratiquement on pourrait lui donner vie. Vous pensez alors à quel point la lecture de votre livre ma saisi ! [...]
René Benjamin"
28 novembre 1943 De René Benjamin à Sisley Huddleston
"Cher monsieur,
Votre lettre ma beaucoup touché, et jai lu avec avidité cette brochure émouvante que je ne connaissais pas, parce que dans la zone occupée on ne peut pas avoir la "Revue Universelle".
Si vous saviez comme nous sommes daccord, et de quel cœur je vous tends les deux mains ! Nous avons vingt ans dexpérience commune (démocratie et Société des Nations) Nous avons eu les mêmes chagrins. Nous avons les mêmes espoirs.
Je dis "Nous avons", parce quil faut que nous les ayons ! Vivre, cest espérer. Le battement de cœur, cest lespoir. Cest admirable ce cœur qui ne sarrête... quune fois, et qui en le prévoyant, nous donne encore lespérance... de lau-delà.
Vous dites que jai adouci chez vous un peu de mélancolie ? Vous avez fait bien plus chez moi ! Jai un grand projet. Je voudrais quon maide à ne pas le trouver absurde. Il y a des heures où je faiblis ; en vous lisant jétais réconforté ; je me figurais que vous mapprouviez.
LEurope est en train de se suicider. Je voudrais aller trouver le Président de la République helvétique, pays de paix miraculeuse, dhonnêteté préservée, de charité active ; Franco, victorieux dun drame cruel ; Salazar, le grand méditatif ; le Pape, qui doit être lâme de lEurope - et leur dire, oser leur dire :
"Jetez-vous ensemble à la tête de lEurope, qui ne sait plus ce quelle fait, qui sombre dans la honte. Ensemble criez-lui par la radio (cela réhabilitera la radio !) que vous vous constituez en Tribunal darbitrage, avec... oui avec... joserais cela aussi !... avec le Maréchal à votre tête, parce quil ny a personne depuis trois ans qui ait servi comme lui, si hautement, si noblement, si clairement, la cause de la Paix ! (Ses messages, cest la préfiguration de la Paix).
Et qui sait - vous paraîtrez dabord des fous, des naïfs, des idéalistes. Mais demain, vous serez peut-être une tentation pour lEurope sanglante, frémissante, épuisée.
Il faut tenter cela.
Chacun de vous a sauvé son pays. Ensemble tâchez de sauver lEurope. Un devoir en crée un autre.
La paix ne doit pas être une victoire, une hégémonie.
Elle doit être un apaisement.
Un retour à des sentiments nobles. (et les sentiments nobles ne sont possibles que si on sappuie à Dieu.)
Un renoncement à lhorreur et à lintérêt.
Un rapprochement. Un accord.
Un resserrement de la famille "Europe" pour résoudre ensemble la seule question à résoudre, la seule qui constituera la paix : la question sociale.
Voilà, cher monsieur, ce que je voudrais faire, avec une audace quon na que quand on approche comme moi de la soixantaine - âge de la foi, sans souci du ridicule. [...]
Jai vu le Maréchal. Il a été ému. Il ma dit : "Faites vite cela !"
Et vite, son cabinet a demandé pour moi des passeports aux allemands.
Il y a un mois de cela. Je nai rien...
Aurai-je jamais quelque chose ?
Excusez-moi de vous parler de tout cela. Mais tout cela me travaille. Une grande conviction monte en moi. Je nai plus de repos. Jai senti en vous des tourments et des pensées proches des miens. Je me suis confié. Et je vous dis de loin ma profonde admiration pour votre caractère.
René Benjamin
Je pars pour Lyon jeudi. Je vais vois Maurras."
A voir également dans notre boutique dautres documents relatifs à Sisley Huddleston.